L’étude est toujours en cours, mais un premier rapport de Sciensano sur la consommation de drogues montre que la pandémie et les mesures prises pour y faire face ont eu un impact sur la consommation de drogues en Belgique de manière variable, selon la substance consommée et le profil du consommateur. « La mise à l’arrêt de la vie nocturne a impacté l’usage festif des drogues alors que, pour d’autres raisons, la consommation a progressé durant le confinement », note Jérôme Antoine, scientifique chez Sciensano. A Liège, on observe aussi cette dualité, notamment au Réseau Liégeois d’aide et de soins spécialisés en Assuétudes (RéLiA): “Certaines ont profité de la crise sanitaire et de la fermeture des cafés ou autres pour décider de diminuer ou d’arrêter leur consommation. Il y au eu un effet d’opportunité car ils n’étaient plus soumis à certains stimuli de la vie quotidienne“, confirme le coordinateur, Frédéric Gustin. Il y avait donc moins d’incitation à la consommation. “Mais à l’inverse, d’autres ont augmenté leur prise de stupéfiants car ils vivaient mal le confinement et la situation sanitaire.”
Reste l’alcool
Au centre Alfa de Liège, spécialisé dans le traitement, la prévention et la réduction des risques en matière d’assuétudes, on note une augmentation de 72% des consultations en ce qui concerne les enfants et les jeunes (⩽ à 18 ans). “Cela peut concerner les drogues, internet, les jeux en ligne et… l’alcool. Ce dernier produit reste d’ailleurs le plus consommé et arrive nettement en tête“, souligne la coordinatrice, Catherine Dungelhoeff. En 2019, l’alcool était au cœur de presque la moitié des consultations (49%) devant l’héroïne (17%) ou le cannabis (14,5%). En 2020, 486 personnes ont été reçues chez Alfa, tous problèmes confondus. “Essentiellement en provenance du ‘grand Liège’, avec certaines personnes venant d’autres zones géographiques pour renforcer un certain anonymat et pour bénéficier du service particulier que nous avons pour les consommateurs d’héroïne.”
Le rapport Sciansano montre que, dans le pays, les quantités de marijuana consommées ont augmenté durant le premier confinement par rapport à la situation avant celui-ci, pour, six mois plus tard, revenir à une situation similaire à celle du début de l’année. Les quantités de cocaïne et d’amphétamines en poudre consommées, ont par contre baissé de manière importante lors du premier confinement mais, six mois après, elles semblaient plus élevées par rapport à la situation avant le premier confinement. La quantité de pilules d’ecstasy consommée a quant à elle très fortement diminué durant le 1er confinement et est restée relativement basse plus tard dans l’année.
« Une différence existe entre les usagers fréquents et non-fréquents. Ces derniers ont globalement diminué leur consommation pendant le premier confinement alors que les usagers fréquents ont augmenté les quantités consommées», ajoute Jérôme Antoine. « Cependant, quelques mois plus tard, on constate que la fréquence d’utilisation est de nouveau la même qu’avant la pandémie ». Les substances vendues sont, elles, restées disponibles tout au long de la crise.
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