Mêler diplomatie et café-brasserie. Voilà une singularité qui se devait d’être liégeoise. A l’origine, lorsqu’il avait été présenté en juin 2017 par feu l’échevin Michel Firket, le projet de maison consulaire internationale devait être un partenariat entre l’Italie, la France… et les autres corps consulaires liégeois qui manquaient d’un endroit pour se réunir. Logé dans le bâtiment des sports nautiques à la Boverie, il prévoyait également l’installation d’un bar-brasserie, avec une agréable terrasse en bord de Meuse qui existe aujourd’hui sous le nom de Villa du Parc. Un bail emphytéotique de 35 ans a été signé avec la Ville, propriétaire du lieu.

Mais finalement, seuls quatre consuls ont localisé leur consulat à la Villa Consulaire. Comme nous l’ont expliqué plusieurs consuls liégeois parmi la quarantaine que compte le corps consulaire de la province de Liège, il était jugé délicat pour un certain nombre d’entre eux d’utiliser le prestige de la fonction de consul pour entreprendre une activité commerciale. Avec un risque de confusion d’image autour du nom. Si des réunions non-publiques du corps consulaire y ont depuis lors déjà eu lieu, c’était à l’invitation des consuls d’Italie et de France et sans caractère public ou officiel, nous précisent plusieurs représentant de l’association, dont son président.

Et puis il y a un mois, Dominique Van Avermaet, le gérant de la brasserie Villa du Parc, à qui les quatre consuls associés sous-louent donc (indirectement?) l’espace Horeca, a été condamné à 3 ans fermes et incarcéré en France (puis libéré) après avoir été arrêté dans l’Hexagone pendant le couvre-feu avec au moins 10.000 euros en cash dans la boîte à gants de sa voiture.
Faire le lien entre des fonctions diplomatiques, une activité Horeca et un partenaire qui trimbale de l’argent en liquide est délicat. “Notre ASBL Centre Consulaire Relations Internationales, dont je suis le trésorier, ne loue pas la surface commerciale à Monsieur Van Avermaet mais à une société appartenant à une autre personne“, nous a alors écrit le consul d’Italie à Liège. Un message aussi délivré à d’autres médias. En vue de minimiser l’implication d’un personnage devenu sulfureux autour d’une association consulaire ?

Pourtant, la Villa du Parc (reprise à la BCE comme “Brasserie du Parc”) est officiellement exploitée par la société en nom collectif Domino. Une société dont Dominique Van Avermaet est bien le co-fondateur et l’administrateur actuel. D’ailleurs, il était souvent présent sur place. “Il va y avoir une transition“, nous indique Michel Cloes, le consul honoraire de France. Et de refuser de nous donner toute autre précision, arguant qu’il s’agit selon lui d’informations privées. En tout cas, il semble question de sortir D.Van Avermaet de la structure et de couper les liens avec une personne qui avait pourtant été présentée dans les médias comme le capitaine de l’affaire.

Pas de quoi rasséréner, toutefois, les autres consuls de la province dont certains considèrent que l’association entre les activités à la Boverie et ce qu’exige la fonction consulaire n’est pas idéale. “Les consuls se doivent d’être irréprochables en matière de moralité“, précise par ailleurs Bernard Piette, consul général honoraire des Pays-Bas et président du Corps Consulaire de la Province de Liège. Enfin, certains s’interrogent également sur les conditions dans lesquelles la gestion de l’espace bar et restaurant a été octroyée alors qu’elle devait mettre en concurrence plusieurs candidats. “Était-ce une mise en concurrence réelle ou bidon?“, s’interroge carrément l’un d’entre eux. Il y a quelques mois, nous avions questionné la Ville à ce propos, qui n’avait pas accepté de nous donner de précisions sur ledit appel à candidats, nous renvoyant vers le consul de France.

Interrogé sur ces questions, le consul honoraire d’Italie a tenu à préciser que le CCRI ne se mêle pas, selon lui, d’activités économiques “puisque l’on fait du social et du culturel. On essaie simplement de nouer les deux bouts pour payer notre loyer à la Ville de Liège. Le but n’est pas de faire des bénéfices et on a même investi de l’argent dans le projet, en tant que consuls, pour transformer le taudis -qu’il y avait avant- en partie consulaire et en centre culturel. Les sous-locataires ont pris en charge l’investissement côté restaurant. Chacun est bien resté à sa place.” Mais qui exactement ?


Une agréable terrasse


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