Lors des inondations du mois de juillet, comme on sait, nombre d’habitations du quartier d’Angleur ont été touchées. Ce fut aussi le cas de l’Unité scoute Angleur située place Jadoulle. Leurs locaux (sans toilettes dignes de ce nom) étaient déjà à la limite de l’insalubrité, que les eaux boueuses ont rendus pire. Les sols ressemblent à de la terre battue, le vieux poêle de chauffage a rouillé, les plafonds s’effondrent et les murs sont infects. Seule la devanture à rue tient encore la route comme paravent. Pourtant, “ces locaux sont hyper importants pour cette petite unité grandissante aux valeurs magnifiques, dans ce quartier où l’activité du samedi est souvent l’unique sortie extra-scolaire pour ces enfants souvent précarisés…“, souligne Laurie, une maman.
Pour lors “il n’est même pas possible de nettoyer correctement faute de bouche d’évacuation des eaux. De toute façon, on nous coupe l’eau chaque hiver“, déplore l’un des chefs. “Et comme on se trouve au-dessus d’un ancien cimetière, tout s’affaisse un peu chaque année car il n’y a pas de fondations. Ce qui crée des fissures.” Côté normes de sécurité ou d’incendie, on frise la catastrophe.
Si l’on ajoute la perte d’une grande partie de leur matériel, la situation est telle qu’elle a suscité la solidarité des scouts du Sart-Tilman qui leur apportent diverses aides… et même de l’association Liège Aide Haïti qui a décidé de leur réserver une partie des bénéfices de sa soirée de gala du mois de novembre. Tout cela a permis de réduire la cotisation annuelle pour nombre d’enfants de familles sinistrées.
Reste que, pour offrir des conditions décentes chaque samedi après-midi à leur soixantaine de scouts, louveteaux et baladins, les responsables de l’unité se sont tournés vers les gestionnaires du cercle paroissial qui se trouve juste à côté. Sur la même place Jadoulle. Cet ancien cinéma -qui accueille des activités sporadiques comme les alcooliques anonymes, quelques réceptions ou une petite vente de vêtements- dispose d’un vaste espace, d’un bar, du chauffage et aussi de toilettes. Hormis le chauffage, l’ensemble est encore en état. Il relève des Oeuvres Paroissiales d’Angleur Centre (OPAC), une association liée à l’église catholique toute proche, à qui l’évêché en a confié la gestion. C’est aussi elle qui gère les locaux actuels (et délabrés) que les scouts occupent gratuitement depuis des années.
Mais, dans un courrier, Véronique Bastin, la présidente de l’association, refuse tout net. “Nous avons évoqué ces deux points à notre équipe de travailleurs bénévoles mais aussi à quelques paroissiens, anciens scouts, précédent gestionnaire des locaux et locataires. Tous ont été surpris par ce projet d’occupation et ont exprimé leurs désaccords“, écrit-elle. Ou alors, c’est payant ! “La grande salle, lorsqu’elle sera en ordre au niveau de la sécurité et du chauffage (dès le printemps normalement, ndlr) pourra être mise a disposition du mouvement scout au même tarif que les autres associations c’est à dire 10€ de l’heure“.
Par téléphone, l’une des autres responsables de l’asbl nous a confirmé que la salle était libre d’occupation le samedi après-midi, et qu’il n’était effectivement pas question de gratuité pour les scouts sinistrés. “Si leurs locaux sont insalubres, c’est de leur faute car ils devaient les entretenir“, ajoute-t-elle, en alléguant que les jeunes en question ne sont pas venus l’aider à ranger et nettoyer la salle après les inondations. “Et si ça ne leur convient pas, ils n’ont qu’à trouver un local ailleurs. Ils sont libres de partir.” Mais les scouts, manifestement, n’ont pas les moyens de payer… une location.
Querelle d’égo ? “Nous souhaitons simplement des locaux décents, du chauffage, de l’électricité, de l’eau courante et de quoi cuisiner de temps en temps“, objective le chef d’unité, Philippe Durlet. Les enfants du quartier d’Angleur ne méritent-ils pas un peu de bonne volonté, faute de charité chrétienne ou de solidarité naturelle ?
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