Juste avant l’été, lors de la présentation du “Projet de territoire” de la Ville, dans le cadre du schéma de développement communal (SDC), le bourgmestre avait laconiquement glissé que, selon lui, le boulevard de Froidmont a du potentiel pour construire des appartements de qualité, “si on y éradique les bâtiments actuels, sans intérêt“.

Cette intention de faire évoluer un endroit qui, aujourd’hui, n’est pas très densifié et demeure fort dédié à la voiture, Willy Demeyer nous l’a confirmée un peu moins radicalement par la suite: “L’objectif est dès lors de capitaliser sur l’endroit pour le rendre plus attractif, de le densifier et d’aménager des logements au-dessus des commerces. Il y a aussi le projet Barvaux et l’arrivée prochaine des Busway qui vont redessiner la mobilité, permettre plus de modes doux. Comme dans les autres quartiers, il y a une volonté de verduriser et de planter des arbres.

Créé au début du 20e siècle, lors des importants travaux d’aménagement de la rive droite de la Meuse pour l’organisation de l’exposition universelle de 1905, le boulevard de Froidmont suit l’ancien cours principal de l’Ourthe qui a été comblé et détourné par un nouveau tracé creusé entre le quai des Ardennes et le quai du Condroz. Avec le boulevard Raymond Poincaré, le boulevard Frankignoul, et une petite partie de la rue des Vennes, cette artère à quatre voies de circulation (route nationale 30) représente un ensemble communément et non officiellement appelée par les Liégeois “boulevard de l’Automobile” en raison de la présence de nombreux concessionnaires (surtout par le passé).

Les jeunes ne connaissent pas ce nom, qui ne se justifie plus vraiment à l’heure actuelle. Oui, il y avait plein de marques automobiles présentes dans les années’90, mais après les désertion successives et le départ récent d’Opel, il ne reste plus aujourd’hui que Nissan, BMW, Audi et Citroen“, résume-t-on dans une agence immobilière du boulevard de Froidmont. Où l’on loue les avantages de cette artère où les maisons se vendent bien et où les appartements se louent en un rien de temps: “On est en bordure des Vennes, qui est un très chouette quartier à proximité immédiate des accès autoroutiers ou de la gare d’Angleur, proche des deux centres commerciaux Belle-Ile et Médiacité. Avec une foule de commerces juste en face, ce qui est très pratique. Et y on bénéficie en outre d’une belle visibilité au niveau commercial, grâce à un passage important.

Côté Ourthe, le groupe Uhoda semble avoir bien compris le potentiel de l’endroit en y implantant une épicerie quai des Ardennes et en projetant la construction d’une tour de logements.

Mais à côté de ces multiples atouts, le principal bémol reste que, malgré les nombreux commerces, la zone est actuellement assez moche et mal desservie par les transports en commun. A l’horizon 2027, la ligne de busway B1 (Ans – MontLégia – Saint-Lambert – République Française – Chênée) passerait par le boulevard précité. Il reste aussi le manque patent d’aménagements cyclables sur ce boulevard de l’Automobile, où circuler à vélo constitue une sorte d’hérésie. Au point d’y “risquer sa vie”, là où les voitures roulent vite.

Selon moi, ça n’a effectivement plus de sens de l’appeler boulevard de l’Automobile“, raisonne Olivier Barvaux, le directeur général de la concession Officiel Mercedes-Benz présente depuis 1986 et qui se situe maintenant en retrait, rue des Vennes. Un complexe immobilier de 30 à 45.000 m² comprenant une majorité de logements (entre 100 et 200), avec un hôtel de luxe, est en projet en lieu et place du garage Barvaux, du Basic Fit et de la “tour Smart” qui devraient disparaître dès 2025.

Après un concours d’architectes, le masterplan est prêt et le cadre urbanistique a été défini. Mais même si le promoteur associé, le Bruxellois Eaglestone, s’est depuis retiré du projet, Olivier Barvaux reste confiant: “On a simplement perdu trois mois sur le planning . Avec un nouveau partenaire, nous allons prochainement organiser la réunion d’information publique. L’endroit doit rester une entrée de ville, mais davantage avec la mobilité d’aujourd’hui. Un boulevard avec des commerces de proximité pour remplacer les grosses enseignes, en lien avec la vie du quartier des Vennes et la circulation piétonne. Il y a un potentiel énorme! On pourrait quasiment faire un parc au milieu, tant il y a de l’espace inexploité.

Reste la volonté politique nécessaire pour engager cette transformation, que le bourgmestre semble donc vouloir impulser. En espérant que le fait d’y aménager un espace “verdurisé” et de nouvelles infrastructures pour favoriser la mobilité douce ne consistera pas d’abord à y abattre les arbres existants. Comme pour le tram.


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