-19h : apéro dinatoire à base de produits traditionnels de la gastronomie sicilienne
prix 15€ sur réservation via email :
-20h30 présentation du Livre de Carmelo Virone “Margherita une enfance sicilienne” introduction de Agnès Dumont
“Quand ma mère a commencé à perdre la mémoire, j’ai pris conscience qu’avec elle un monde ancien, en partie révolu, m’échapperait à jamais. Comment avait-elle grandi, s’était-elle formée ? Qui fut-elle avant moi, avant que commence notre vie de famille ? J’en savais si peu. Nous n’avions guère eu de ces conversations où s’échangent les souvenirs et les anecdotes d’une génération à l’autre, comme il arrive dans les familles de vieille souche territoriale. Margherita était la seule à avoir quitté sa Sicile natale ; elle ne revoyait sa sœur et ses frères qu’à l’occasion de rares vacances.
Elle était dépositaire d’une culture, d’une histoire, de traditions, de manières de voir acquises dans sa jeunesse, dans une région encore fortement ancrée dans la ruralité et marquée par l’emprise de l’Église catholique et du fascisme, puis par la guerre.
En interrogeant Margherita, en transcrivant ce qu’elle me disait, en le traduisant du sicilien en français, en ajustant ma musique à celle de ses mots, j’ai compris peu à peu comment ces caractéristiques s’étaient inscrites dans son quotidien. J’ai mieux perçu également la tension, fréquente dans son discours, entre attachement à des valeurs ancestrales et aspirations à la modernité.
Confidences, anecdotes, petits bouts d’histoire : il m’a fallu composer avec ces fragments décousus, les agencer, les relier en un texte suivi. Pour mieux saisir la portée de ce que Margherita me racontait, pour rendre ses propos davantage compréhensibles à des lecteurs et lectrices d’aujourd’hui, y compris parmi mes proches, j’ai dû par ailleurs effectuer quelques recherches documentaires sur le contexte sociopolitique et économique de la Sicile et sur son village de Favara, dans la province d’Agrigento. J’ai alors essayé d’enchâsser les mots de ma mère dans un récit plus circonstancié, en m’efforçant toutefois de ne pas les altérer.”
Carmelo Virone
