Bénédicte Heindrichs, cheffe de groupe Ecolo à Liège, a démissionné hier du conseil communal de la ville. C’est le prolongement de sa démission au sein du comité de gestion et du CA de la CILE, après qu’il ait été révélé qu’elle avait touché une somme forfaitaire brute de plus de 23.550 euros en 2016 comme membre du bureau exécutif de la Cile alors qu’elle n’a participé qu’à 7 sur les 19 réunions programmées. Elle a indiqué qu’elle allait rembourser l’ensemble des sommes indûment perçues durant ce laps de temps où elle ne pouvait pas justifier ses absences.
“Bien que les lacunes dans l’exercice de son mandat à la CILE ne concernent qu’une seule année sur 5 et ne reflètent par ailleurs qu’une facette du travail au sein du Comité de Gestion, nous considérons qu’un mandat de cette importance dans un comité de gestion nécessite une présence active maximale. Cela n’a pas été le cas, et c’est donc incompatible avec les exigences que nous avons par rapport aux mandataires politiques“, indique Ecolo Liège dans un communiqué.
De son côté, la conseillère démissionnaire, saluée par l’ensemble ses collègues présents lundi soir, a prononcé un discours plutôt classe (compte tenu du contexte), que nous reproduisons intégralement:
“Je voudrais commencer par poser 3 éléments de contexte à mon intervention :
1. Les sondages électoraux créditent Ecolo de plus de 18%, ce qui met bien sûr certains sur le pied de guerre.
2. Nous vivons tous ici le contexte politique autour de Publifin. Il a fait du dégât partout. Dans ce cadre, la posture d’Ecolo en a certainement énervé plus d’un et il fallait s’attendre à un retour de Boomerang.
3. Jusqu’à la semaine dernière, les mandataires dans différents organes de gestion étaient dans un système de rémunération forfaitaire légal dont ils ne pouvaient pas sortir. Aujourd’hui, le Gouvernement a pris un paquet de mesures dont la fin de la rémunération forfaitaire pour un système de jetons de présence – mettant fin à un système dans lequel j’ai été placée et auquel il était nécessaire de mettre un terme.
En ce qui concerne mon mandat à la CILE, depuis 5 ans, j’ai assuré ces présences avec des taux parfaitement satisfaisants. En 2016, j’ai fait face à des agendas multiples qui ont conduit à des conflits temporaires entre mon mandat et mon travail. J’en ai pris conscience et pris des mesures pour que cela ne se reproduise plus. En atteste mon taux de présence en 2017. Nous sommes tous ici écartelés entre toutes les obligations découlant de notre mandat de conseiller.
Tous ceux qui me connaissent savent que je ne suis ni une profiteuse, ni une paresseuse. Au contraire, c’est parce que j’ai déployé mon énergie dans toutes les directions que le piège s’est tendu.
J’ai été avertie qu’on cherchait la faille chez Ecolo. Alors que des journalistes ont refusé d’être téléguidés, l’information est sortie, avec une punchline qui coupe court à toute discussion. Une information hors de son contexte, visant surtout le revenu et estompant le temps de travail et la responsabilité rémunérée.
Je connais les règles du jeu politique. Sous l’effet médiatique d’un titre ravageur ma posture politique est rendue impossible et je dois en tirer les conséquences.
Première conséquence, ma démission au niveau du CG et du CA de la CILE. Par ailleurs, étant donné le défaut de confiance généré par cette manipulation politique et médiatique, je vous présente à vous, membres du conseil communal, ma démission contrainte et forcée par le chausse trappe tendu.
Seconde conséquence, à titre personnel, je me reproche un défaut de vigilance de quelques mois, trois exactement, qui ont permis de me tendre ce piège inéluctable. Ce qui vient de m’arriver, je vais en profiter dès demain pour me recentrer sur ma famille et sur mon travail. J’ai d’autres combats à mener.
Voilà, je vais donc vous dire au revoir. Mais avant cela je voudrais tirer un rapide bilan politique et vous dire tout ce que j’ai appris année après année à vos côtés.
1. Je suis fière d’avoir contribué à la venue du tram, je suis fière de l’éco quartier qui est en train de s’ériger à Coronmeuse. Je suis heureuse que désormais la ville ne perde plus un franc de subvention au plan triennal, que les moyens de la participation citoyenne ont été décuplés et ceux de la sécurité élargis à la prévention. Willy Demeyer a dit dans son discours en septembre dernier qu’il voulait Liege belle, rebelle et en transition… je ne pourrais formuler cela autrement. Les 2 grands chantiers que j’abandonne avec regret sont le budget et l’enseignement.
2. Je voudrais remercier l’équipe des conseillers écolo et le secrétariat local. Je suis fière de cette équipe engagée que j’ai créée et accompagnée depuis plusieurs années.
3. Je voudrais enfin vous remercier au travers de nos batailles, de nos échanges, de nos soirées longues de m’avoir aidé à grandir en tant que femme politique.
– C’est par exemple avec Willy (le bourgmestre, ndlr)et Maggy Yerna que j’ai appris à défendre mon point de vue avec assertivité. Rappelez-vous mon ton vindicatif de mes premières années….mais c’est avec P Stassart que, je dois le dire, j’ai gagné mes 3 Etoiles.
– C’est au fil des interventions sur le budget, les déclarations de politiques, les dossiers transversaux que j’ai appris à m’exprimer au nom d’un groupe, en rendant la part collective mais aussi les nuances personnelles.
– J’ai tissé des liens forts et de confiance avec différentes personnes, malgré des différences marquées sur le plan politique.
– J’ai appris de vous tous.
– J’ai aussi appris l’humilité sur ces bancs. J’ai appris de vous le sens du clan et le pragmatisme.
Ce soir, je vous quitte. Je vous souhaite bonne chance pour la suite et la campagne qui s’annonce sanglante.
Merci de m’avoir écoutée.“
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