En 2018, déjà, du dumping social était soupçonné sur le chantier de la future piscine Jonfosse. Il ressortait d’une enquête de journalistes liégeois que les Portugais recrutaient de la main d’oeuvre non-européenne dans leurs anciennes colonies (Angola, Brésil, Mozambique…) en leur délivrant un peu trop facilement des cartes provisoires de résident portugais leur donnant le droit de travailler sur notre territoire.

En 2021, les services de l’ONSS ont procédé à des contrôles sur des chantiers liégeois. Différents travailleurs de nationalité portugaise ont été constatés au travail sur ces chantiers, informe aujourd’hui l’Auditorat du travail de Liège. Ils sont détachés par des sociétés portugaises qui se succèdent dans le temps tandis que le détachement serait réalisé au profit de la même société belge. Les vérifications effectuées dans la foulée des contrôles ont révélé des indices de fraude sociale grave et organisée.

Le préjudice de la fraude, d’une ampleur certaine, a été évalué à un montant provisoire de l’ordre de quinze millions d’euros. “Il existe encore des indices de blanchiment estimé à 30 millions d’euros“, ajoute l’Auditorat. Une équipe mixte d’enquête multidisciplinaire (MOTEM) associant la police judiciaire fédérale de Liège à l’ONSS a été mise en oeuvre. Les faits sont envisagés dans la perspective d’une organisation criminelle, au vu de la dimension internationale et de l’utilisation de structures juridiques dans un potentiel but criminel de lucre.

L’Auditorat du travail a requis un juge d’instruction liégeois spécialisé dans les matières financières complexes. De nombreux actes d’enquête ont permis de mettre en évidence de potentielles relations entre les entités visées. Ce 9 avril 2025, une opération d’envergure a été menée conjointement par la police judiciaire fédérale de Liège et les inspecteurs sociaux. Plus de cinquante enquêteurs de la PJF et une dizaine d’inspecteurs sociaux ont été engagés. Cinq perquisitions simultanées ont été réalisées en Belgique avec l’appui de la police judiciaire fédérale de Bruxelles et de maîtres-chiens spécialisés dans la recherche d’argent en cash. Douze perquisitions ont été réalisées au Portugal par l’unité d’action fiscale de la Guardia Nacional Republica (G.N.R.). Une perquisition a également été réalisée en Allemagne.

Trois suspects ont été privés de liberté en Belgique pour audition. Une personne est auditionnée au Portugal sans privation de liberté. Quelques milliers d’euros, de nombreux documents comptables et financiers ainsi que du matériel informatique ont été saisis. Ces saisies seront examinées et exploitées ultérieurement par les enquêteurs de la division Ecofin de la PJF de Liège. À ce stade, les quatre personnes interpellées nient toute implication dans le dossier. D’autres devoirs d’enquête seront nécessaires afin d’examiner leur version des faits.


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