Dans son bilan 2024 présentant ses chiffres de la criminalité pour 2024, la police de Liège soulignait que, si, en 2021, 53% des victimes de criminalité violente étaient des femmes et 47% des hommes, cette tendance s’est inversée au cours des dernières années. Les femmes représentent désormais 47% des victimes.
Des chiffres confirmés par le bourgmestre lors du dernier conseil communal.

Présentée ainsi, cette évolution donne à penser que les hommes sont aujourd’hui plus souvent victimes de violences graves que les femmes. “Bien que les chiffres soient factuellement corrects, il est important de ne pas les lire trop vite comme les signes d’un basculement des violences d’un genre vers l’autre. Ce qu’ils montrent, c’est une évolution de la visibilité de certaines violences, plus qu’une transformation de leur répartition réelle“, analyse Sarah El Guendi, chercheuse au département de criminologie de l’université de Liège. Dans le document Statistiques policières de criminalité – Zone de police de Liège (2024), la criminalité violente n’est pas explicitement définie comme une catégorie unique mais regroupe plusieurs rubriques. Et les hommes représentent encore une majorité écrasante des suspects dans les infractions violentes.

Les faits facilement repérables, tels que les violences entre jeunes dans l’espace public, bagarres, vols avec violence ou rixes en soirée sont immédiatement traités par les services de police, souvent médiatisés, et sont donc surreprésentés dans les chiffres. À l’inverse, les données nationales disponibles en Belgique révèlent que les femmes continuent d’être majoritairement victimes de criminalité violente, en particulier dans les contextes de violences sexuelles et intrafamiliales. Or ces violences sont moins souvent signalées, plus difficiles à prouver, parfois banalisées ou mal qualifiées juridiquement. Résultat : elles échappent plus facilement aux radars statistiques“, souligne la chercheuse.

Et sur la voie publique, les hommes sont souvent impliqués comme victimes dans des rixes ou agressions physiques, tandis que les femmes sont plus présentes parmi les victimes de violences sexuelles ou vols à l’arraché.

Sarah El Guendi conclut que bien que les hommes demeurent largement majoritaires parmi les suspects, en particulier dans les violences commises dans l’espace public, ils figurent également, de manière significative, parmi les victimes de ces mêmes infractions — des faits hautement visibles, rapidement qualifiés, et directement enregistrés dans les statistiques policières.


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