C’est probablement la dernière du genre dans notre ardente cité. Faite de bric et de broc et digne d’un film des années ’70 ou ’80, dont témoignent d’ailleurs encore les tables en formica qui ont résisté au temps. Plantée au pied des terminaux d’Euroports de l’Ile Monsin, la “Friterie des routiers” fait bouillir la graisse au même emplacement depuis 40 ans. Et pour l’imaginaire, c’est même davantage tant la vieille roulotte embusquée entre les rues pavées semble avoir connu des bordées de bateliers grisés, dans l’ambiance enclavée de ce périmètre portuaire. D’ailleurs, plusieurs séquence de films y ont été tournées et les étudiants des écoles de photo s’y pressent. “Allez savoir pourquoi? Je n’en sais rien. Parce qu’ils aiment bien sans doute. Mais c’est vrai, des baraques comme ça on n’en voit plus beaucoup au bord des routes“, suppose Rita, la joviale et un peu maternelle tenancière.
Avec son mari Jean-Luc, cela fait bientôt 29 ans qu’ils ont repris l’affaire. Ils ont dû refaire la véranda emboutie par un camion puis, récemment, il a fallu remplacer les vieux frigos en bois dont l’Afsca ne voulait plus. Mais cela ne change rien au climat si particulier de cette friterie de zoning où se rencontrent les ouvriers et employés du port, le mariniers ainsi que les derniers ferrailleurs qui n’ont pas fui à cause de la pression accrue des contrôles. “Avant, ils arrivaient avec leurs camions, venaient peser en face, puis restaient tout l’après-midi à boire avant de se bagarrer entre eux. Ce n’était pas toujours des gars faciles“. Mais, maintenant, la clientèle est plus calme, se rassure Rita, avec une lueur de nostalgie.
Lorsque l’on vient se perdre ici, c’est autant pour l’ineffable voyage urbain que pour les authentiques frites cuites à la graisse de bœuf. Voire pour les hamburgers maison et les saucisses géantes. Et aussi pour préserver, avec les doigts gras, un authentique élément patrimonial de la belgitude sauce liégeoise.
Ouvert du lundi au vendredi de 9h à 16h30 (18h les mercredis et vendredis).
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