Il avait démissionné en juillet, après un jugement considérant qu’il avait reçu 720.000 euros pour la construction de l’incinérateur Uvélia à Herstal. Alain Mathot, l’ancien bourgmestre socialiste de Seraing, toujours député fédéral, est aujourd’hui au centre d’une instruction judiciaire à propos d’une luxueuse villa achetée en Thaïlande en 2016 avec des fonds d’origine douteuse. Dans une enquête bien ficelée, publiée dans le Vif de cette semaine, l’on apprend que l’ancien homme fort de Seraing a payé 475 000 euros pour acheter Baan Astasia, une splendide villa de quatre chambres, quatre salles de bains, avec terrasse, piscine et jacuzzi dans un lotissement privé d’une trentaine de villas le long de la plage dans un périmètre privé et sécurisé.
Pour réaliser cet achat le plus discrètement possible, celui qui était encore bourgmestre aurait d’abord utilisé l’e-mail de l’un de ses collaborateurs pour prendre ses renseignements immobiliers en Thaïlande, avant d’effacer les traces de cet envoi.
Ensuite, il aurait bénéficié d’un prêt de 200.000 euros de Land Invest, une société financée par Ogeo Fund (fonds de pension qui gère notamment l’argent des pensionnés de Publifin/Enodia, de l’intercommunale des eaux, des pompiers de Liège, du CPAS et de la ville de Seraing) dont Stéphane Moreau a été le patron. Les deux hommes étaient d’ailleurs partis en vacances ensembles à Koh Samui, en mai 2009.
Cet argent n’aurait pas été versé directement à Alain Mathot mais à sa société Almaure. La justice suspecte que les 275.000 euros restants pour l’achat de la villa proviennent du blanchiment d’argent des fameux pots-de-vin de 720.000 euros touchés dans l’affaire de l’incinérateur d’Herstal. L’argent pourrait aussi provenir du million d’euros de commissions occultes perçues lors de ce même marché public par Léon-François Deferm, un ami de la famille Mathot… ou d’un hypothétique “magot” hérité de son père Guy Mathot.
Ce qui est clair, c’est que pour jouir le plus discrètement possible de sa villa, l’ex-bourgmestre de Seraing ne l’a pas achetée en son nom propre. Elle est détenue par une société de droit thaïlandais, Caraf Company Limited, dont son épouse est devenue membre du conseil d’administration. La cession des titres de la société a eu lieu à Estepona, une station balnéaire espagnole de la Costa del Sol, en juin 2016. Soit un mois après un prêt de 200 000 euros accordé à Alain Mathot par Land Invest via une société d’Erik Van der Paal, lobbyiste et promoteur immobilier proche de Bart De Wever.
Dans le cadre ce dossier, Alain Mathot a été perquisitionné fin janvier à son domicile à Seraing en présence de Siegfried Bracke (N-VA), le président de la Chambre. Il s’agit de la procédure normale quand un député fédéral fait l’objet d’une perquisition.
De son côté, le député PS parle d’hypothèses fantaisistes et affirme qu’il a contracté un prêt 100% privé pour acheter cette maison qui fait penser à certains biens du couple Balkany. Ce dernier tient la mairie de Levallois-Perret (en France), et est actuellement jugé pour un système de fraude fiscale et de corruption.
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