Beaucoup de promeneurs se sont rendus compte, depuis peu, que l’eau de la Meuse avait pris des tonalités bleues, turquoises et transparentes. Mais contrairement à ce que certains ont pensé, il ne s’agit pas d’une soudaine dépollution dans un contexte où l’activité humaine est ralentie à cause du confinement “coronavirus”. La baisse actuelle de la navigation entre en jeu. Mais le principal changement est en réalité dû à l’action tape à l’œil d’un vulgaire mollusque bivalve exotique envahissant (ressemblant à une petite palourde), qui filtre l’eau pour se nourrir de phytoplancton et de zooplancton. Ces deux éléments étant digérés, le fleuve en est débarrassée et devient plus clair.
Cet invertébré est arrivé de Chine, s’est adapté, puis multiplié. Et l’on en retrouve aujourd’hui 100 fois plus qu’il y a une dizaine d’années. Leur filtrage, conjugué à l’éclairage généreux du soleil ces derniers jours, permet donc de découvrir de petits lagons en bord de Meuse. Mais sur les fonds marins de la Cité Ardente, au lieu des poissons multicolores, ce sont les trottinettes électriques jetées à l’eau par des personnes irrespectueuses qui s’offrent à la contemplation.
Dans le parc de la Boverie, nous en avons compté une demi-douzaine rien qu’en bordure immédiate de la berge allant de la passerelle à l’Union Nautique. D’autres, immergées plus loin ou plus profondément, ne sont vraisemblablement pas visibles. Si la Ville a probablement d’autres soucis pour le moment, il faudra attendre de les repêcher pour savoir à qui appartiennent ces épaves à deux roulettes.
Mais il ne faut peut-être pas aller chercher très loin. L’été passé, les opérateurs de trottinettes en libre-service Lime, Troty et Circ (le changement de nom de Flash) s’étaient plaints des nombreuses incivilités. Certains de leurs engins étaient cassés, volés… et jetés dans le Meuse. Troty avait décidé, au début du mois, de mettre en pause ses activités à Liège, ville belge où les problèmes étaient les plus nombreux.
A la fin de cet hiver, tous s’étaient retirés. Il y a un mois, un nouveau loueur “free-floating” est apparu alors que les autres sont à l’heure actuelle au minimum en standby. Les 200 exemplaires de la marque Dott et leurs batteries au lithium sont toujours disponibles un peu partout en ville, dont quelques-uns trônent fièrement dans le parc de la Boverie. Prêts à rejoindre leurs congénères au fond de l’eau ?
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