Au début du mois, nous vous expliquions que Léon et Pierre Juprelle, deux agriculteurs père et fils, avaient saisi la justice pour pouvoir continuer à exploiter une parcelle de terre à Rocourt, en face du stade de foot du RFCL, qui doit normalement accueillir le festival Les Ardentes début juillet. Cela fait 35 ans qu’ils font pousser des pommes de terre, du blé ou des betteraves sur ce terrain qui appartient à la Société Wallonne du Logement (SWL) et à la Ville (pour un quart).
Mais en attendant l’audience du 6 mars au tribunal – justice de paix, les deux cultivateurs n’entendent pas laisser compromettre leur prochaine récolte sur ces 24 hectares représentant un quart des terres avec lesquelles ils gagnent leur croûte. Ils avaient déjà semé de l’engrais vert, avant que les Ardentes n’investissent le terrain pour y effectuer les premiers travaux dans le but d’en faire une pelouse de festival. Et pour pouvoir planter leurs pommes de terre au mois d’avril, il était temps de labourer avec la charrue.
Du coup, ce mardi, vers 6 heures du matin, une demi-douzaine de tracteurs se sont mis en route pour retourner le champ. Cela, au grand dam des organisateurs du festival qui disent avoir déjà investi 30.000 euros pour aplanir le terrain et le réensemencer. Devant la police, arrivée sur les lieux, l’un des exploitants appelle son avocat qui indique aux inspecteurs que, s’ils ne produisent pas de décision de justice, ils doivent laisser les agriculteurs poursuivre leur travail.
Ce n’est que mardi après-midi que les Ardentes obtiennent du tribunal des référés une ordonnance interdisant aux agriculteurs de toucher aux terrains sous peine d’astreintes. Trop tard, puisque tout était déjà retourné. “Nous allons faire opposition de cette ordonnance et lancer d’autres procédures“, nous indique Philippe Lévy, l’avocat des agriculteurs. “Ce qui me dérange, c’est que le bourgmestre a lui-même téléphoné à mon client, sur son GSM, pour lui interdire d’aller sur le champ. Je trouve inadmissible qu’un politique s’ingère ainsi dans une affaire civile.” Selon lui, les Juprelle père et fils ont un document signé avec la SWL qui les autorise à exploiter gratuitement les terres. Il évoque donc un bail à ferme. Le papier stipulerait en outre que, dans le cas où il serait mis fin subitement à cet accord, le propriétaire du terrain doit “respecter les récoltes croissantes“… et donc attendre que les patates aient été récoltées puisque les engrais ont déjà été mis.
Le bourgmestre, Willy Demeyer, confirme le coup de téléphone à l’agriculteur mais indique que cela cadre avec une réunion confidentielle qu’il aurait eue auparavant avec lui.
De leur côté, les organisateurs des Ardentes (avec qui une tentative de négociation financière a échoué) parlent de vandalisme et répondent qu’une action en justice sera intentée contre ceux qui en sont responsables. Ils assurent également que la tenue des Ardentes sur ce terrain de Rocourt n’est pas menacée. Il reste que ça sent quand même un peu la patate chaude…
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