La semaine passée, un détenu (venant de la prison d’Arlon, pour une visite médicale) s’était évadé juste devant la prison de Lantin au cours d’un transfert. Robin Singh, un Serésien de 24 ans condamné à 10 ans de prison pour avoir prostitué des mineurs, avait baissé la vitre et s’était glissé par une fenêtre de la voiture dans laquelle il se trouvait, pour prendre la fuite pieds nus et menotté. En abandonnant ses clapettes pou courir plus vite.
L’évasion, filmée par des caméras de surveillance, avait surpris par son culot et aussi par le manque de précautions et la réaction pataude des agents du DAB (Direction de la Sécurisation de la police notamment en charge du transfert des détenus). Une enquête pour négligence a d’ailleurs été ouverte par le parquet. “Les personnes préposées à la conduite et à la garde des détenus, c’est-à-dire ici les agents qui accompagnaient le détenu et qui ont tenté en vain de le rattraper dans sa fuite, peuvent être poursuivies et condamnées, en cas de négligence, à un emprisonnement de 8 jours à 3 mois. En cas de connivence, les peines sont portées à un minimum de 6 mois et un maximum de deux ans“, indique Philippe Culot, avocat au Barreau de Liège et maître de conférences à l’Université de Liège.
Une semaine après son évasion, Robin Singh s’était filmé avec des amis en train de commenter hilare ses exploits devant un reportage télévisé consacré à son évasion rocambolesque.
Il a été repris ce jeudi après-midi par le FAST (Fugitive Active Search Team) de la police fédérale dans sa planque du quartier de Burenville, a confirmé le porte-parole du parquet général.
Même s’il a fait le malin pendant ses quelques jours de cavale, le détenu ne risque aucune condamnation supplémentaire. “Historiquement, d’une façon plus romantique qu’aujourd’hui, la liberté de l’homme était vue comme supérieure et le législateur a considéré que l’on ne pouvait pas punir quelqu’un pour le fait de vouloir sa liberté“, confirme Renaud Molders-Pierre, avocat à Liège et spécialiste des matières pénales. “Ceux qui l’ont hébergé ne risquent rien non plus car c’est postérieur à l’évasion. Sauf à prouver que l’homme en cavale s’était arrangé avec certains d’entre eux pour être récupéré en voiture au moment où il s’est échappé.”
Ceux qui, n’étant pas chargés de la garde ou de la conduite du détenu, auront procuré ou facilité son évasion en connivence, peuvent donc être punis d’un emprisonnement de six mois à deux ans (si l’évadé était poursuivi ou condamné pour délit) et d’un emprisonnement de un an à cinq ans si l’évadé était emprisonné pour un crime. Avec un éventuel complément pour association de malfaiteurs.
Le détenu qui s’évade n’est donc pas punissable pénalement. Cela étant, s’il commet des infractions lors de son évasion, comme par exemple la destruction de clôtures, la violence, une prise d’otage, des coups ou blessures ou des dégradations mobilières ou immobilières…. il pourra être sanctionné pénalement pour ces infractions connexes.
“Dans le cas présent, je n’aperçois pas d’infraction puisqu’il ne semble pas y avoir eu de menaces, de coups ou de dégradation à la voiture. L’éventuel vol d’une paire de menottes devrait rencontrer une intention frauduleuse, c’est-à-dire celle de voler lesdites menottes, ce qui me parait difficilement démontrable en l’espèce“, observe Gregory Lamalle, autre avocat pénaliste liégeois. Et il portait ses habits civils; on ne peut donc par conséquent pas lui reprocher d’avoir volé une tenue de détenu. Les menottes, que Singh montrait ostensiblement dans sa petite vidéo, ont d’ailleurs peut-être été récupérée lors de son arrestation.
Les images vidéosurveillance de l’évasion:
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