Au début du mois de juillet; le nouveau gouvernement wallon (MR et Les Engagés) faisait craindre pour les extensions prévues du tram liégeois vers Herstal et Seraing. La déclaration de politique régionale (DPR), sorte de feuille de route du gouvernement wallon, annonçait que le budget total actuel de 785 millions d’euros prévu allait être décortiqué.

Mais elle se voulait néanmoins rassurante: “les grands projets d’infrastructure dont les travaux de construction sont déjà très largement entamés seront achevés“. L’extension vers Herstal (jusqu’à la place Licourt) avait pour rappel déjà été attribuée au constructeur Mov’Urba et les travaux avaient commencé. Ceux vers Seraing (Gare de Jemeppe) n’avaient, eux, pas encore débuté.

Il y avait donc bien de quoi s’inquiéter puisque, jeudi passé, le gouvernement wallon et le TEC annonçaient l’abandon de ces projets d’extensions pour les remplacer par des lignes de bus électriques avec “un maximum de sites propres afin de leur donner davantage de priorité et ainsi augmenter significativement leur vitesse commerciale, principalement en heures de pointe.”
Le tracé doit être étendu par rapport à celui projeté des extensions du tram (15,5 km au total au lieu de 5,8 km). Les bus rapides iront jusqu’au centre de Seraing, ce qui n’était pas prévu avec le tram. Cet étirement permettra, selon la nouvelle majorité régionale, de desservir un plus grand nombre d’habitants dans un rayon de 500 mètres à pied des lignes (37.575 personnes contre 14.243 personnes avec les trams).

Le Gouvernement wallon motive sa décision après avoir estimé que des risques importants de dérapages, tant financiers qu’en terme de planning étaient à craindre. Il juge aussi, sur base de l’analyse réalisée par l’AOT (Autorité Organisatrice des Transports collectifs et partagés du SPW), que le besoin en mobilité des zones concernées n’avait pas été correctement évalué.
Mais l’argument mis en avant est bien sûr l’économie qui découlerait de la décision de suppression. De 627 millions pour les extensions du tram, on passerait à 264 millions pour les bus, soit une économie de 363 millions.

Il reste néanmoins plusieurs inconnues dans le calcul, notamment le montant des indemnisations au constructeur, qui était déjà engagé dans les importants travaux vers Herstal. Il s’agit aussi de prendre en compte le reste de ce qui avait déjà été investi, jusqu’à présent, dans les deux extrémités… aujourd’hui condamnées. Les bourgmestres socialistes des entités communales concernées dénoncent ce revirement, que certains voient comme un mauvais coup entre bords politiques opposés.

Certaines personnes ayant acheté des biens immobiliers plus cher, sur base de la plus-value apportée par le tram, pourraient aussi pâtir de ce coup de théâtre en voyant leurs maisons dévaluées.

Enfin, d’aucuns pointent le problème de rupture de charge (correspondance) avec le tram. Si les usagers doivent attendre un bus après être descendus du tram (et inversement), cela peut en effet constituer un repoussoir.


Fins de voies côté Herstal


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