Disons-le d’emblée, il y a une subtilité dans l’approche. Le contrat de partenariat public-privé signé en janvier 2019 avec l’Opérateur de Transport de Wallonie (OTW) ne prévoit aucuns montants à payer par le prestataire en cas de retard dans les travaux et la mise en service du tram liégeois. A l’heure actuelle, elle est programmée au printemps 2024, alors que cela devait être en août 2023. Et donc, contrairement à ce que nombre de Liégeois.e.s pensent, ces 7 à 8 mois de retard ne donneront donc lieu à aucune “amende”.

Daniel Wathelet, responsable communication tram, confirme cela. Mais il explique également que Tram’Ardent a signé pour s’occuper de l’exploitation du tram sur une durée de 31 ans, soit jusqu’en janvier 2050. Pour cela, il reçoit une redevance annuelle de 32 millions (remboursement de l’investissement, maintenance des trams et des rails mais aussi de tout le système), plus une redevance au kilomètre à partir du moment où il roulera. Ce qui signifie que si le tram commence à circuler avec un retard important, et parcourt moins de kilomètres, le consortium sera pénalisé par un manque à gagner car la somme d’argent qu’il doit percevoir sera rabotée. Il reste que face aux travaux supplémentaires qui seront peut-être demandés -Resa profitant par exemple des travaux pour demander ça et là des remplacements de canalisations de son réseau-, comme pour les retards, il y aura des négociations.

Mais si le tram ne roule pas, il n’y a pas non plus de maintenance à faire et une partie du matériel n’est pas à rembourser“, note le conseiller communal (cdH) Benoit Bouchat, dont le parti suggère de revoir le contrat et de prévoir des indemnités. Un autre observateur craint de son côté que, pour récupérer sa part de redevance perdue, Tram’Ardent ne rogne sur les moyens et les matériaux ou n’offre pas un service à 100%. “Même avec un cahier des charges, il y a toujours moyen de raboter un peu ça et là, de tirer un peu dessus pour faire des économies“, nous assurent plusieurs professionnels.

Pour l’opposition communale cdH, cette réalité ne pousse pas assez Tram’Ardent à respecter ses obligations contractuelles. Et de déplorer que l’on prenne seulement maintenant conscience des retards ou des problèmes à venir: “Dans un chantier de cette ampleur, le maître d’ouvrage se doit de suivre les travaux avec vigilance. Le ministre Henry et le SPW Mobilité et Infrastructures semblent avoir négligé cette tâche pendant un an et demi“, pointe la députée Alda Greoli. Et de se demander comment l’abandon de l’approche des travaux par tronçon au profit de chantiers sur toute la ligne (raison pour laquelle des « trous » ont été creusés en même temps sur tout le territoire communal liégeois) a pu se faire sans alerter ni le ministre compétent ni le bourgmestre.

Enfin, en cas de retard et de non-paiement d’une partie de la redevance à Tram’Ardent, la Région réalisera une économie qui pourrait être affectée à l’indemnisation plus importante pour les commerces fortement impactés par le prolongement de la durée des travaux, et réclamée par le bourgmestre à la Wallonie.


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