En avril 2009, le bourgmestre Willy Demeyer décidait de la fermeture définitive des salons de prostitution fonctionnant dans deux ruelles perpendiculaires à la rue Cathédrale (Nord). Jugés insalubres et criminogènes, ces commerces du sexe cadraient mal avec la volonté de revitalisation et de rénovation du quartier.
Depuis lors, il ne reste plus à Liège qu’une demi-douzaine de vitrines éclairées de rose et de mauve, où des filles exposent encore leurs charmes pour attirer clients et rémunérations. Situés rue Varin, en bordure de la gare des Guillemins, ces établissements sont répertoriés comme “utilisant du personnel poussant à la consommation soit en consommant avec le client, soit en provoquant la consommation de toute autre manière que le service normal au client“. Mais, depuis une vingtaine d’années, cette définition est devenue hypocrite puisque les entraîneuses d’hier se sont muées en prostituées d’un genre plus basique.
Depuis longtemps, ces salons sont taxés par la Ville à hauteur de 5.000€ par an. Il y a quelques jours, le collège communal a décidé de tripler ce montant en appliquant le taux de 15.000 euros. Pour justifier cette très forte augmentation, la Ville brandit la circulaire relative à l’élaboration des budgets des communes de la Région wallonne pour l’année 2020, qui recommande un taux maximum de 18.750 euros par établissement de ce genre. Mais ce document (comme ceux des précédentes années) rappelle aussi qu’à l’occasion de l’examen des rapports sur la traite des êtres humains, la Commission spéciale de la Chambre des Représentants a recommandé une suppression de cette taxe. Les autorités locales pouvaient juger de l’opportunité d’une telle suppression en tenant compte des enjeux éthiques, financiers et sécuritaires.
A Liège, les tenanciers-ères des 7 bars de la rue Varin vont donc devoir cracher au bassinet. Mais comme nous l’explique une ancienne propriétaire de vitrine, les revenus de la prostitution ont considérablement baissé ces dernières années, à cause de la crise économique, d’internet et de l’arrivée de filles originaires des pays de l’Est qui ont cassé les prix. Ce constat fait donc craindre que la volonté cachée des autorités communales soit en réalité de faire disparaître ces bordels miniature… qui partagent le voisinage avec le tout nouveau commissariat de police Guillemins-Sclessin. Et puis, à l’heure où le féminisme est plus que jamais militant, tout le monde va-t-il accepter que le futur tram (dont le tracé passe rue Varin), circule au milieu des aguicheuses exposées en sous-vêtements? A la grande joie des enfants curieux scotchés aux vitres du véhicule.
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