Le tribunal de l’entreprise de Liège a désigné, vendredi 28 mars, un administrateur provisoire pour Liberty Steel Liège, a-t-on appris auprès du cabinet du ministre Jeholet, informé de la situation. Me Roman Aydogdu, avocat au barreau de Liège, a été nommé pour assumer cette mission. Déjà impliqué dans le dossier en tant que médiateur lors de la Procédure de réorganisation judiciaire (PRJ) de Liberty Liège Dudelange en 2021, il devra désormais veiller à la préservation des outils industriels et évaluer les perspectives futures de l’entreprise.

Cette décision fait suite aux nombreux signalements du front commun syndical, qui alerte depuis plusieurs mois sur des manquements graves mettant en péril la continuité des activités. Selon Farouk Chennit, représentant de la CSC Météa, cette désignation vise avant tout à éviter une détérioration des installations en raison d’un possible non-paiement des factures d’électricité, ce qui pourrait entraîner une coupure de courant aux conséquences irréversibles. “Le tribunal nous a suivis et l’a désigné pour protéger les installations. Sa mission durera probablement jusqu’à la faillite”, a-t-il indiqué.

La nomination de l’administrateur provisoire pourrait également préparer le terrain pour une intervention de la Région wallonne. “Cela nous rassure que la maison-mère roumaine n’ait plus le pouvoir. La gestion est désormais aux mains d’un administrateur”, a ajouté le syndicaliste.

Liberty Steel Liège est depuis plusieurs années au cœur d’une crise industrielle et financière majeure. Issue de la reprise en 2019 des anciens sites ArcelorMittal à Flémalle et Tilleur, l’entreprise n’a cessé d’accumuler les difficultés.

Lente descente aux enfers

Dès 2021, Liberty Liège Dudelange s’était retrouvée en grande difficulté après la faillite de Greensill, principal soutien financier du groupe GFG. Une Procédure de réorganisation judiciaire (PRJ) avait été lancée pour tenter de sauver l’entreprise, mais celle-ci n’avait pas abouti, entraînant la fermeture du site luxembourgeois de Dudelange. En Belgique, les syndicats dénonçaient déjà à l’époque un manque d’investissements et de perspectives claires pour l’outil wallon.

Depuis lors, Liberty Steel Liège a été confrontée à des retards de paiements, des licenciements et une activité industrielle largement réduite. Plusieurs plaintes syndicales ont été déposées concernant le non-respect des engagements pris par la direction. En 2023, l’entreprise a même été placée sous surveillance judiciaire, le tribunal cherchant à éviter une faillite brutale.

La maison-mère, Liberty Galati, est elle-même en grande difficulté. Basée en Roumanie, elle bénéficie actuellement d’un concordat, une protection contre la faillite, ce qui limite sa capacité à soutenir financièrement sa filiale liégeoise.

La nomination d’un administrateur provisoire marque donc une nouvelle étape dans la gestion de cette crise. De plus en plus de voix s’élèvent pour envisager une reprise de l’outil par la Région wallonne ou un repreneur industriel, afin d’éviter un démantèlement définitif de cette infrastructure sidérurgique.


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